Les fondamentaux à la loupe…
Riche week-end de formation pour les enseignants de clubs ce samedi 10 & dimanche 11 octobre 2020 au Dojo de Brack de Saint-Avold (57). Sous la houlette de Jane BRIDGE, 8ème dan, experte Européenne de prestige, triple championne d’Europe et 1ère championne du Monde de l’histoire du Judo, la centaine de participants présente a pu découvrir ou redécouvrir les principes des fondamentaux du judo, essentiels pour une progression saine, efficace et durable…
Du beau monde sur le tatami de Saint-Avold, malgré la crise sanitaire…
Comme de coutume, l’Interreg Judo Coopération ne fait pas dans la demi-mesure. Ce stage, organisé en collaboration avec l’Union Européenne de Judo, la Ligue Grand Est de Judo et le club de Saint-Avold, avait pour principal thématique « Improve your club Seminar », « Améliorer votre club ». Conscients des enjeux que représente un enseignement de qualité, tant sur le plan pédagogique (contenu) que sur plan de la construction corporelle, les organisateurs n’ont pas hésité à reconduire ce regroupement destiné aux enseignants qui, l’an passé déjà lors de la toute première édition, avait connu un vif succès avec la présence d’Hiroshi KATANISHI. L’intervention de Jane BRIDGE sur ce second opus s’inscrit de fait dans la continuité. « On a la chance de disposer d’une experte d’exception, qui nous montre et démontre des choses fantastiques », relève Wolfgang AMOUSSOU, ancien international et coordonnateur de l’Interreg Judo Coopération. « Les thèmes développés ici sont orientés sur les principes de base du judo. Ces thèmes sont souvent délaissés par les clubs, qui, faute de temps, leur préfèrent l’enseignement des techniques. Jane est l’une des rares personnes qui est capable d’amener les choses progressivement, avec des éléments de base tels que les déséquilibres, qui sont primordiaux. C’est ce que tout enfant doit maitriser en premier, et c’est l’un des points sur lesquels les enseignants ont le plus de difficulté, car ils ne disposent pas toujours de la méthodologie correcte pour la transmettre. Jane à l’avantage de maitriser parfaitement ce secteur-là ! ».
Le coordinateur de l’IJC, Wolfgang AMOUSSOU, grandement convaincu de la nécessité de revenir à l’enseignement des habiletés fondamentales…
Et de compléter, « l’Interreg Judo Coopération est une confédération qui gère les activités judo de plusieurs fédérations régionales ou nationales (Ligue Grand Est de Judo, Sarre, Palatinat, Rhénanie et Luxembourg). Tout ce petit monde œuvre ensemble sur ce projet, en organisant des compétitions, des séminaires ou des stages d’entrainement comme celui-ci. Nous avons fait le choix de nous orienter vers les enseignants, car leur transmettre à eux, c’est ensuite redistribuer aux pratiquants. On touche ainsi une population plus large… ».
Sur les deux jours se sont enchainés éducatifs et exercices, au sol et debout, sur des éléments essentiels à la construction du judoka (mobilité, souplesse, placement, déplacement, anticipation, réaction, postures, etc…). Un vaste programme destiné à forger le corps en vue des acquisitions gestuelles plus pointues. En effet, comment concevoir de réaliser une parfaite technique de judo si le corps n’est pas près (ou apte) à l’exécuter ? Le constat (et il n’est pas spécifique à la France), c’est que l’on apprend trop souvent aux pratiquants (et ce dès le plus jeune âge) à combattre, dans le but de privilégier l’immédiateté des résultats sportifs. Conséquences : on se retrouve avec une approche précipitée, un judo pas ou peu construit, un travail en force destructeur, engendrant une incapacité à tenir (physiquement) sur du long terme.
Pour Jane BRIDGE, un judoka, pour devenir bon, doit se construire sur du long terme…
Comment y remédier ? « Le travail des fondamentaux, des bases du judo, est essentiel », martèle Jane BRIDGE avec conviction. « Sur ce stage, je n’ai pas développé de techniques de judo, mais plutôt montré des principes très basiques, qui représentent le socle de tout travail. Il est difficile de faire des progrès si cette base n’est pas solidement acquise. En judo, il faut savoir utiliser le poids du corps pour se déplacer, créer des opportunités, des ouvertures, plutôt que d’utiliser la force seule des bras. Il faut savoir évoluer dans le mouvement, en créant des accélérations, des décalages, etc… Il est important que dans les clubs les enseignants prennent le temps de donner des sensations à leurs élèves, aux jeunes en particulier. On s’inscrit sur du long terme, en progression, en amenant petit à petit des exercices avec des challenges de plus en plus élevés. Cette notion de progression est fondamentale si l’on veut espérer les garder le plus longtemps possible dans le judo. Il faut être capable de regarder sur le long terme, et pas toujours chercher à vouloir aller trop vite, chercher trop tôt la performance, au risque de brûler des étapes… ».
Tom SCHMIT ravi du contenu du stage, orienté vers une pratique « juste » du judo…
Un avis partagé par Tom SCHMIT, le responsable sportif de l’Interreg. « On savait Jane très forte sur les fondamentaux et les habiletés motrices basiques », constate-t-il. « Tout ce qu’elle a montré sont des ingrédients que tous les professeurs peuvent prendre. Il y a de la continuité dans les exercices, ce contenu est valable pour toutes les catégories d’âge, pour une pratique « juste » du judo. Il suffit de regarder Jane évoluer sur un tatami pour s’en convaincre : à 60 ans, elle est encore très souple, très flexible, très habile, on voit qu’elle a toujours eu une pratique juste du judo, sans forcer, et qui est durable dans le temps ». Et de rajouter, « nous sommes très heureux que l’Union Européenne de Judo nous ait proposé Jane pour la couverture de ce stage, elle répond parfaitement à nos attentes ! De plus, je suis très agréablement surpris du nombre de personnes présentes malgré le contexte sanitaire. Ce stage est le premier évènement d’ampleur que nous parvenons à organiser depuis le début de la crise. C’est encourageant et donne bon espoir pour la suite… ».
Des enseignants visiblement heureux de partager, d’échanger, de pratiquer, dans une ambiance fraternelle !
Sur le tapis, des jeunes et moins jeunes, enseignants de longue date ou en devenir, ravis surtout de remettre le kimono et de pouvoir à nouveau partager ces séquences d’apprentissage et de perfectionnement. Sur les visages, de nombreux sourires, et l’immense joie de pratiquer tous ensemble. Parmi eux, le président de la Ligue Grand Est, Jean-Louis DUVERGEY, en kimono, visiblement heureux de bouger et de transpirer. « J’ai pris grandement plaisir à participer à certaines séquences », livre-t-il tout sourire, essuyant quelques gouttes de sueur sur le front. « Sur la progression proposée ici, on est vite en situation de travail musculaire, de travail cardiovasculaire, et c’est ce qui est recherché sur l’activité santé. C’est vraiment ce vers quoi nous devons tendre. En tout cas, cela m’a bien plu de faire dans cet esprit-là, et me donne envie de remettre plus souvent mon judogi ! Ceci dit, ce stage doit permettre aux enseignants de se perfectionner sur ce thème-là de façon à intégrer cela dans leurs cours. Cette notion de judo « santé » est un fil conducteur dans notre Ligue pour l’Olympiade, et correspond également à la volonté de la Fédération. Il y le judo compétition, c’est très bien, mais le fait de revenir sur les bases et de retravailler ses gammes doit permettre aux enseignants de recréer une dynamique orientée vers le judo « plaisir ». L’avenir de notre discipline passera par là ».
Notre président de Ligue, Jean-Louis DUVERGEY (ici au sol), n’a pas hésité à mouiller son kimono !
L’occasion pour lui et pour Serge SCHAUL, Président de la Fédération Luxembourgeoise des Arts Martiaux (FLAM) également présent, de rappeler à l’auditoire l’importance de ces échanges et travaux transfrontaliers, nécessaires pour faire évoluer le judo. Toutes et tous, stagiaires, bénévoles et organisateurs, ont grandement apprécié le contenu exceptionnel, mais aussi l’ambiance fraternelle régnant sur les deux jours du stage. Notre experte Européenne n’est d’ailleurs pas restée insensible à cet aspect. « C’est vraiment agréable de travailler dans pareil cadre ! » conclut-elle. « Ce partage et ces échanges sont très enrichissants. J’aime faire passer des messages et transmettre, j’ai bien apprécié les personnes qui posaient des questions, visiblement très intéressées, ces interactions sont bénéfiques. En tout cas, c’est très positif ! ».
Un grand merci au club de Saint-Avold pour leur accueil chaleureux. Un grand merci à Jane pour son expertise, son sens pointu de la pédagogie et ses précieux enseignements !!!
L’ensemble des photos des deux journées du stage est publié sur la page Facebook de la Ligue Grand Est de Judo.
Photo de groupe du samedi 10 octobre 2020
Photo de groupe du dimanche 11 octobre 2020